Author
Sharpie Garamond
Date
August 17, 2023
Category
Share

Production audiovisuelle : les chiffres au niveau mondial & national

Dans cette analyse, nous avons décidé de nous intéresser au secteur de la production audiovisuelle au niveau mondial. Quel est l'impact du secteur sur le marché global, y-a t'il des entreprises ou des marchés qui prennent le dessus ? Découvrez notre rapport qui se focalisera dans un premier temps sur le marché de la production audiovisuelle mondiale, en passant par une analyse du marché européen. Nous terminerons ensuite par un focus sur le secteur de la production vidéo en France.

La production audiovisuelle au niveau mondial

Qu’ en est-il du marché de l’audiovisuel dans le monde ? Ce secteur est considéré comme vital pour pouvoir conserver les souverainetés et diversités culturelles propres à chaque pays. Le secteur étant très vaste, nous nous focalisons dans un premier temps sur des données générales. Le Japonais Sony Pictures est le premier producteur au monde avec un chiffre d’affaires de 30.25 millions de dollars en 2009, suivi par les deux géants américains WaltDisney Studios et Warner Bros (respectivement 25.5 et 23 millions de dollars de chiffres d’affaires en 2009). Ici nous parlons de chiffres propres à l’audiovisuel qui regroupe les entreprises de production audiovisuelle, le marché de la vidéo à la demande et les chaînes de télévision. Le nombre total d’entreprises de ce secteur dans le monde est de 44 679. Les Etats-Unis sont à ce jour le pays qui comptabilise le plus grand nombre de part de marché de ce secteur avec 19% des parts du marché de l’audiovisuel. En deuxième position nous retrouvons la France avec 7626 entreprises (soit 17%). La Suède est elle aussi un grand acteur du marché, elle compte 5552 entreprises en 2020. Si on combine les parts de marché de ces trois pays, 48% sont détenues au total par ces trois pays.

Mais ces chiffres ne reflètent pas parfaitement l’état actuel des parts des différents segments de l’audiovisuel propres à chaque pays. Il y a un certain déséquilibre caché. L’Europe a été le pionner de l’innovation technologique dans le segment du cinéma mais son paysage cinématographique actuel se caractérise actuellement par la forte présence des productions hollywoodiennes. .En 2013, elles détenaient près de 70% du marché européen, alors que les productions européennes ne représentaient que 26%.

Les entreprises de productions cinématographiques américaines sont verticalement intégrées, avec des activités couvrant la production et la distribution, leur permettant de répartir les risques sur plusieurs films, et réinvestir les bénéfices dans de nouveaux projets.

La production audiovisuelle en Europe

Si l’on devait uniquement se focaliser sur l’Europe, nous dirions que le secteur était déjà en difficulté avant la pandémie. On a observé entre 2015 et 2019 une croissance limitée à 0,2%pendant cette période. Bien que les données actuelles montrent que le segment de la vidéo à la demande (VOD) a eu un effet très positif sur la circulation des films européens à faible audience(moins de 50 000 entrées) au cours des cinq dernières années, il n’y a pas eu de compensation pour combler les pertes significatives qui se sont faites notamment dans le sous-secteur de la publicité. La COVID n’a fait qu’accentuer les tendances déjà bien présentes en 2020. Toutefois, les marchés plus « petits » enregistrent un taux de croissance largement positif au cours de cette période : on parle ici notamment du Portugal, de la Bulgarie, de la Géorgie ou encore de la Slovaquie qui affichent une croissance à deux chiffres. De plus, là où l’Europe excelle, c’est dans la production de séries télévisées. La production de séries télévisées haut de gamme a augmenté de 29 % entre 2014 et 2019 en Europe.

La production audiovisuelle en France

La production de fictions (séries, téléfilms unitaires) constitue la majorité du secteur, par sa proximité culturelle avec le cinéma. De nombreux réalisateurs, comédiens et scénariste sont eu et ont encore un parcours au cinéma et à la télévision. Les trois plus grosses entreprises de ce secteur en France sont Ubisoft EMEA, Universal Music France et Warner Bros France. En termes de chiffre d’affaires, avec environ 800 millions d’euros en 2017, la fiction représente plus du quart de l’ensemble du domaine, 60% des dépenses des chaînes en programmes français inédits, et un quart des aides du CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée). Les auteurs de fiction sont représentés par la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques). Jusqu’en 2012 les exportations françaises de programmes de fiction étaient peu signifiantes, de l’ordre d’une vingtaine de millions d’euros, mais elles ont triplé depuis et ont dépassé en 2017 les 63 millions d’euros.

Les documentaires arrivent en seconde place. Avec environ 400 millions d’euros en 2017 les documentaires perçoivent autant d’aides que la fiction(environ 80 millions d’euros). Les auteurs de documentaires relèvent de la SCAM (société des auteurs multimédias).

Les captations de spectacles vivants (sports, concerts, théâtre, danse) sont également un domaine à part. Bénéficiant d’engagements de certaines chaînes dans le cadre de leur cahier des charges ou de leur convention d’autorisation avec le CSA, la partie culturelle de ces émissions est produite par quelques entreprises spécialisées. Elle est aidée par le CNC et pèse environ 120 millions d’euros, mais il faudrait y ajouter le chiffre d’affaires, considérable, des captations qui ne sont pas éligibles, les retransmissions sportives et les spectacles pour lesquels il n’y a pas de diffuseur télévisuel (cas des captations destinées uniquement à la vidéo)ou qui ne correspondent pas aux critères d’aide.

La production institutionnelle constitue un ensemble encore moins bien cerné. Il s’agit de films dit « d’entreprise », soit de formation, soit de promotion, qui n’ont en général pas de distribution autre qu’en interne dans une entreprise. Ce domaine est florissant mais très hétérogène. Il peut prendre en compte des films qui pourraient apparaître comme d’authentiques documentaires, mais aussi de simples présentations « Powerpoint » améliorées, en passant par des talk shows présentés par des animateurs ». Ce domaine emploie une bonne partie des techniciens (cadreurs, techniciens du son, monteurs) de l’audiovisuel. La production des spots publicitaires fait en principe également partie de la production institutionnelle (5911B) selon la nomenclature de l’INSEE.

La production cinéma et audiovisuelle avec 146536 salariés tous contrats confondus pour une masse salariale de 1,64 milliard d’euros reste le premier secteur qui emploie face aux autres secteurs de l’audiovisuel. En 2021, l’audiovisuel compte plus de salariés hommes que de salariées femmes et ce dans des proportions supérieures à celles de l’ensemble de l’économie française. En effet, la population active française compte 52% d’hommes pour 48% de femmes, alors que dans l’audiovisuel le pourcentage des femmes est sensiblement moins important(41%). On retrouve onze grandes familles de métiers tout type de contrats confondus. Voici alors les différents métiers principalement salariés que l’on peut retrouver dans une entreprise de création audiovisuelle :

Entre 2000 et 2017, la part des entreprises de production audiovisuelle en France a triplé (1376 entreprises en 2000 et 4242 entreprises en 2017, nous prenons en compte ici uniquement les entreprises qui produisent de la vidéo). Chaque année, le nombre d’entreprises de ce secteur a augmenté de 7% en moyenne. On observe alors une première menace dans le sens où les concurrents se font de plus en plus nombreux avec le temps. Par ailleurs, cette augmentation se caractérise aussi par une baisse conséquente des coûts des moyens techniques qui se font de plus en plus accessibles. Il y a par exemple une véritable démocratisation des outils de postproduction directement exploitables sur les ordinateurs personnels. Ceci nous amènera d’ailleurs à nous focaliser sur le cas des nouveaux arrivants auto-entrepreneurs et indépendants dans un prochain article.

En revanche, on observe que les entreprises du secteur de l’audiovisuel qui cumulent plus de 10 ans d’expérience possèdent à elles seules plus d’un tiers du marché. Toutefois on observe une diminution des parts de marché entre 2000 et 2017 pour les entreprises de moins de 3 ans. Le secteur de l’audiovisuel a connu des changements rapides en raison des révolutions technologiques et numériques de la dernière décennie qui ont remodelé la façon dont le contenu audiovisuel est produit, distribué et consommé. Cette évolution de la technologie a créé un certain nombre d’opportunités, ainsi que des défis, en particulier la nécessité pour les professionnels de développer de nouvelles compétences numériques pour améliorer la qualité du contenu et d’accroître l’accès des auditoires à celui-ci.

 

De plus, la disponibilité d’un éventail beaucoup plus large de sources d’information peut accroître l’exposition des citoyens à de l’information trompeuse ou fausse. Aujourd’hui, l’ère est au numérique et au digital. Le gouvernement français incite de plus en plus à la digitalisation des entreprises. En 2022, 82% du trafic sur Internet sera de la vidéo. Ceci amène les entreprises à utiliser ce moyen de communication le plus souvent payant (Paid Media). Il s’agit ici d’une véritable aubaine pour les agences de production notamment car les entreprises ont facilement accès aux réseaux sociaux et au web en général pour pouvoir communiquer efficacement et ainsi demander à réaliser des vidéos. En revanche, la menace déjà existante est celle de la facilité de réaliser une vidéo soi même (avec son smartphone, d’autant plus que les smartphones d’aujourd’hui proposent des qualités de photo et vidéo non négligeable) mais aussi les entreprises qui proposent des logiciels d’édition de vidéos animés à faire soi-même en ligne. Nous pensons ici à une concurrence pour les compétences en Motion Design (éléments graphiques animés dans les vidéos) des agences de production qui sont facilement imitables via des logiciels gratuits ou payants tels que Pitchyou encore Animaker.

D’un autre point de vue, cette digitalisation exponentielle amène à une accélération de l’obsolescence du matériel technique. A titre d’exemple, les standards de projection au cinéma évoluent tous les trois ans et les modèles de téléviseurs changent tous les trois ans. Ceux-ci et s’adaptent aux nouveaux modes de diffusion des chaînes et des contenus : le 16:9, la HD, la 3D, la HDR, le Dolby Atmos, le Dolby Vision, la 4K, la 8K, etc. Cette rupture technologique peut amener des coûts d’investissement récurrents. Si, sur certains segments d’activité, le numérique a ouvert l’entrée du marché, sur d’autres pans d’activité il provoque des coûts supplémentaires liés à l’obsolescence plus rapide du matériel et nécessite que les sociétés de production audiovisuelles s’adaptent rapidement. Le secteur de l’audiovisuel est fortement soutenu par les fonds de soutien territoriaux. Environ 80 millions d’euros d’aides ont été versés en 2018. De nouveau, une opportunité peut aussi être considérée comme potentielle menace. On compte 21 millions d’euros versés par le CNC parmi ces 80 millions d’euros d’aide. Cette aide versée par le CNC constitue un accompagnement direct des politiques de soutien à la création et à la production des collectivités, et ces aides ne font qu’augmenter. C’est toutefois une opportunité de développement des parts du marché pour celles qui réussissent : même si on constate plus de200 nouveaux acteurs en 2017 et donc un secteur avec de plus en plus d’offreurs, le nombre d’entreprises âgées entre 2 et 3 ans baisse depuis 2017 ce qui peut laisser comprendre que ces entreprises ont du mal à se pérenniser.

Envie d'en savoir plus et d'obtenir le rapport complet ? Envoyez-nous un mail à antoine@melted.eu

SOURCES

CSA [en ligne].

https://www.csa.fr/Informer/Collections-du-CSA/Thema-Toutes-les-etudes-realisees-ou-corealisees-par-le-CSA-sur-des-themes-specifiques/Les-etudes-du-CSA/Etude-sur-le-tissueconomique-du-secteur-de-la-production-audiovisuelle-5eme-edition

Le Parisien [en ligne].

https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/cinema/cinema-le-budget-moyen-des-films-francaisen-baisse-18-03-2019-8034837.php )

Audiens [en ligne].

https://www.audiens.org/files/live/sites/siteAudiens/files/03_documents/groupe/Etudes/Portrait-statistique-audiovisuel-V2.pdf

Bolddata [en ligne].

https://bolddata.nl/en/companies/audiovisual-companies/

European Commission [en ligne].

https://ec.europa.eu/culture/sectors/audiovisual

Observatoire européen de l’audiovisuel [en ligne].

https://www.obs.coe.int/fr/web/observatoire/home/-/asset_publisher/wy5m8bRgOygg/content/key-trends-in-the-european-audiovisual-sector-allthe-key-figures-to-imagine-the-post-covid-world-?inheritRedirect=false

Parlement Européen (en ligne].

https://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/BRIE/2014/545705/EPRS_BRI(2014)545705_REV1_EN.pdf

Alain Le Diberder [en ligne].

https://alain.le-diberder.com/production-audiovisuelle-le-calme-avant-la-revolution/

Cairn [en ligne].

https://www.cairn.info/revue-projectique-2020-3-page-9.htm